Tous aux abris !
Analyse des comportements des chevaux face à la pression des insectes
Résumé
Brouter au pré en compagnie de congénères est fondamental au bien-être des chevaux. Pourtant, la pression des insectes peut rendre ce moment très inconfortable. Pour éloigner les insectes, les chevaux ont recours à plusieurs stratégies comme se regrouper tête-bêche, produire des mouvements de queue ou d’oreilles, taper du pied, etc. Lorsque des abris sont installés dans les prés, J.W. Christensen et son équipe ont souhaité savoir si les chevaux les utilisent et quelles sont les conséquences sur leur comportement. Enfin, deux méthodes de recueil de l’hormone du stress sont utilisées pour savoir si les chevaux émettent une réponse physiologique face aux attaques des insectes.
Méthode
39 chevaux sont répartis en 5 groupes au pré avec abri et 4 groupes au pré sans abri.
En été 2019, huit journées d’observation sont organisées pour relever, à plusieurs reprises et pour chaque cheval, sa position et son activité. Plusieurs enregistrements vidéo sont réalisés pour compter les comportements pour repousser les insectes en utilisant le répertoire comportemental correspondant : les mouvements de queue, de la tête et des oreilles, les frémissements de la peau, se gratter, se secouer, taper du pied, se rouler, le toilettage mutuel.
Le lendemain de chaque observation, les insectes capturés depuis 24h dans trois types de pièges sont collectés pour être identifiés. Les crottins sont prélevés pour tester le taux de concentration en métabolites de cortisol. Les conditions météorologiques sont enregistrées.
Cette étude met donc plusieurs variables en relation: météo, prévalence des insectes, comportements et réponse physiologique des chevaux, présence ou non d’un abri.
Résultats
En moyenne, 39,5% des chevaux utilisent les abris et ce taux grimpe à 69% les jours à forte prévalence d’insectes. Les chevaux se tiennent à moins d’un mètre d’un autre individu dans 24% des observations dans les prés avec abri contre 61% dans les prés sans abri. Les chevaux ayant accès à un abri se déplacent moins que les autres, mais comme l’abri est pourvu en foin, ils mangent plus.
La fréquence des comportements pour repousser les insectes est plus importante dans les prés sans abri et cette différence augmente significativement les jours à haute prévalence d’insectes (Fig. 1).
Les analyses réalisées à partir des crottins n’ont révélé aucune différence en concentration de métabolites de cortisol. Au vu de ce résultat, une étude complémentaire est menée l’année suivante à partir de tests salivaires. L’échantillonnage était trop faible, mais les premiers résultats montrent un taux de cortisol significativement plus élevé chez les chevaux sans accès à un abri, et particulièrement les jours à forte pression d’insectes.
Discussion
En utilisant les abris, qui rendent probablement les animaux moins détectables à l’odorat et à la vision des insectes, les chevaux gagnent en confort. En effet, les insectes perturbent leur budget temps et semblent provoquer du stress. En émettant de nombreux comportements pour les repousser, les chevaux y consacrent temps et énergie. Pour de futures recherches, les auteurs proposent de définir l’abri le plus efficace en terme de taille, d’ouverture ou de matériaux utilisés.