Accueil à l’université de Rennes 1 sous un grand soleil. Plaisir de retrouver plusieurs membres de l’association. Ouverture de la journée dans un amphithéâtre à l’ambiance feutrée, c’était le matin.

– La journée commence avec la présentation en anglais (traduite à la volée) de Ludwig Huber, un éthologue viennois venu pour les journées de la SFECA qui avaient lieu les jours précédents. Ludwig nous introduit très pédagogiquement la “théorie de l’esprit” et les questions que se posent les éthologues sur ce que peuvent comprendre et percevoir les animaux : Je sais que tu sais que je sais où tu as caché tes noix!

– La deuxième présentation est faite par Milena Trösch, doctorante de Léa Lansade. Milena nous présente les résultats des travaux de recherche menés sur la cognition chez le cheval et les compare à ceux obtenus par d’autres espèces aux mêmes tests. La présentation est très claire mais on peut regretter un point de vue un peu vieillot dans la manière de se demander systématiquement si le cheval est intelligent, dans l’absolu. Les travaux de Vincianne Despret en particulier montre l’inanité de ce genre de question : un animal est intelligent s’il est adapté à sa niche écologique, pourquoi toujours vouloir les comparer dans un classement qui mettrait toujours l’humain au sommet?

– Après une pause, Séverine Henry et Martine Hausberger nous présentent une synthèse de leurs travaux qui montrent qu’un cheval heureux est un cheval plus performant aux tests cognitifs. Si la présentation est claire et intéressante, on peut regretter le choix des expressions utilisées opposant systématiquement “les chevaux de centres équestres”= chevaux dans le mal-être aux “chevaux de loisir”=chevaux heureux. Il serait facilement possible de mener une étude avec des chevaux de centre équestre hébergés en groupe en plein air afin d’éviter la caricature.

– Enfin Odile Petit nous présente les travaux menés avec sa doctorante Mathilde Valenchon sur le leadership chez le cheval. Elles ont étudié les caractéristiques personnelles des chevaux qui font qu’ils vont être plus ou moins suivis par d’autres chevaux lorsqu’ils initient un déplacement. La conclusion me semble être qu’il est difficile de construire une expérience qui permette de hiérarchiser le leadership entre différents chevaux. Cette question qui a beaucoup de sens d’un point de vue comparatiste (pour comparer aux singes, aux autres animaux, et donc en particulier aux humains) n’a donc peut être pas beaucoup de sens dans une société de chevaux…

Après cette matinée très intéressante et surtout très accessible est venu le temps de la pause. Un buffet sympathique qui a permis rencontres et échanges.

– L’après-midi débute avec la présentation d’Aude sur l’étude des déplacements de chevaux hébergés en extérieur du groupe Hébergement & Déplacements de notre asso : le seul projet de la catégorie “Sciences participatives”. Si la présentation s’est bien déroulée, on a eu peu de questions de la part de la salle : la faute à l’horaire juste après le repas ?

– S’ensuit une table ronde autour des apports du DU (Diplôme Universitaire) Éthologie du Cheval proposé par l’Université de Rennes : une « ode au DU ». Pour cela, d’anciennes élèves diplômées vont témoigner tour à tour jusqu’à la fin de la journée. Pour bon nombre d’entre elles, il y a eu un avant/après cette formation en éthologie scientifique qui leur ont fait prendre conscience de nombreuses méconnaissances dans le monde du cheval “traditionnel”. Ces témoignages nous ont permis d’avoir des exemples concrets de mises en pratique de ce qu’elles ont appris : pour gérer les chevaux au quotidien, organiser leur entreprise, améliorer l’apprentissage et le travail des chevaux au contact des humains. Malheureusement, l’entre soi et le mépris de celles et ceux qui n’ont pas suivi cette piste était très pénible, et même rebutant.

Mieux problématisée cette table ronde aurait pu être très intéressante. On aurait pu par exemple centrer sur la mise en pratique des connaissances éthologiques, les difficultés que cela pose, et les moyens mis en œuvre.

 

Finalement nous avons été un peu déçues par la manière dont certains chercheurs peuvent se positionner de façon assez condescendante envers les non-initiés. Une impression mitigée de cette journée donc, avec des moments intéressants et instructifs mais d’autres culpabilisateurs et extrémistes.

 

Journée d’information en éthologie équine 2018