La pratique de l’équitation de dressage de manière régulière à intensive change la proprioception et l’équilibre.
Résumé
Introduction
Toute activité sportive implique non seulement des mouvements techniques répétitifs particuliers mais aussi des adaptations posturales marquées. En effet une posture et un équilibre instables compromettent la précision et l’efficacité du geste sportif, quel qu’il soit. L’équitation ne fait pas exception. L’équilibre, qui découle de la gestion d’informations sensorielles, permet de s’adapter aux mouvements du cheval en toute sécurité et sans mouvements parasites qui dégraderaient la performance sportive.
Afin de se stabiliser, les cavaliers semblent se servir en priorité de leur vue. Des études ont déjà mesuré la contribution relative des informations visuelles au contrôle postural du cavalier. Plus celui-ci est expérimenté, plus il est sensible à ses informations proprioceptives, c’est-à-dire au ressenti de la position de son propre corps dans l’espace. À l’inverse, un cavalier novice est beaucoup plus dépendant de sa vue.
Mais qu’en est-il si l’on compare des cavalières intensives à des femmes qui ne pratiquent pas de sport ? Les cavalières ont-elles une manière différente d’utiliser leurs sens pour maintenir leur posture ? C’est ce qu’Olivier et son équipe voulaient tester dans cette étude.
Protocole
Dix cavalières professionnelles de dressage (groupe DR) et douze femmes non athlètes (groupe NA) ont participé à l’expérience après avoir fourni un consentement éclairé et écrit. L’étude a été approuvée par le comité d’éthique de la faculté des sciences de l’Université Paris-Sud.
Les participantes ont réalisé des tests posturaux selon un protocole validé par l’Association Française de Posturologie. On les a évaluées en position debout dans 3 conditions d’équilibre différentes:
- statique [STA]
- instable sur le plan médio-latéral (de côté) [ML]
- instable sur le plan antéro-postérieur (d’avant en arrière)[AP]
On a fait ces tests sur une plateforme de force qui mesurait le déplacement du centre de pression du pied [CP] des participantes. Ce centre est la projection au sol du centre de gravité de chaque pied.
On a répété les analyses de posture avec les yeux ouverts [YO] et les yeux fermés [YF], et avec [M] et sans mousse [PM] sur la plateforme de force.
Résultats
On a organisé les données afin d’observer l’influence de quatre paramètres sur l’adaptation posturale :
- La pratique ou non de l’équitation à haut niveau ;
- La vision ;
- La présence d’un tapis de mousse sous les pieds, ce qui crée une surface moins stable ;
- Le degré de dépendance de chaque participante à sa vision pour adapter sa posture.
En accord avec des études antérieures, les cavalières avaient le haut du corps plus stable.
L’expérience avec le tapis de mousse permet de nouvelles hypothèses. Il semble que les cavalières aient une sensibilité développée au niveau de leur voûte plantaire et qu’elles l’utilisent pour se stabiliser (voir section [En savoir plus sur les résultats]).
Discussion
L’un des biais présents dans cette étude est que seules des femmes y ont participé. A ce jour, il n’existe pas de consensus sur l’influence du sexe de la personne sur le contrôle postural. Néanmoins, une étude d’Ericksen et Gribble a démontré que les femmes ont un contrôle postural moins dynamique que les hommes dans un plan antéro-postérieur. Il faudrait donc proposer le même protocole entre des cavaliers de dressage masculins et des hommes non sportifs.