L’accéléromètre permet-il l’évaluation objective des boiteries?
L’examen des boiteries chez le cheval repose actuellement sur des observations visuelles qui varient d’un observateur à l’autre et dépendent de leur expérience (Stashak 2002, Arkell et al., 2006, Fuller et al., 2006).
Or on sait que le thorax d’un cheval qui se déplace normalement présente des mouvements réguliers et symétriques. Par contre, le thorax d’un cheval boiteux a des mouvements irréguliers et asymétriques. On peut donc se demander si les mesures du déplacement d’un cheval réalisées avec un accéléromètre permettent d’évaluer objectivement les boiteries. C’est à cette question que Thomsen et ses collaborateurs cherchent à répondre dans leur étude publiée en 2010 dans la revue Equine Veterinary Journal. L’objectif de l’étude est d’aider les praticiens à évaluer objectivement le type, la gravité et l’évolution des boiteries du cheval.
Méthodes
Les auteurs de l’étude ont induit des boiteries en injectant une solution saline stérile dans un boulet antérieur sur six chevaux. La locomotion de ces chevaux a été étudiée à six moments différents après l’injection. Les boiteries éventuelles ont d’une part été évaluées par vidéo par des praticiens expérimentés et d’autre part par accélérométrie. Les chercheurs ont ensuite calculé les corrélations entre ces deux méthodes d’évaluation. Cela signifie qu’ils ont mathématiquement regardé si les scores de boiteries mesurés par accélérométrie étaient reliés à ceux obtenus par observation.
Résultats
Les indices de symétrie (A et S) définis à partir des données accélérométriques ont montré une corrélation significative avec les observations visuelles et semblent donc constituer un outil intéressant pour caractériser les boiteries. Ainsi, l’indice S permet de quantifier l’intensité des boiteries et l’indice A permet de déterminer sans erreur le diagonal boiteux.
Discussion
Cette étude ouvre des perspectives vraiment intéressantes pour caractériser et quantifier les boiteries et leur évolution. Néanmoins, d’autres recherches sont nécessaires pour confirmer et affiner ces mesures et permettre une utilisation clinique de ces instruments. En effet, cette étude a plusieurs limites telles que le nombre limité de chevaux et le fait que l’expérimentation a uniquement porté sur des atteintes du boulet antérieur. Par exemple certains auteurs préconisent de placer l’accéléromètre sur le bassin du cheval pour estimer les boiteries des postérieurs (et non au niveau du passage de la sangle).
Un accéléromètre mesure l’accélération, donc les changements de vitesse dans 3 axes : antéro-postérieur, dorso-ventral, latéro-latéral. Placé au niveau du thorax, il permet de mesurer les changements de vitesse du cheval selon ces 3 directions.
L’exploitation judicieuse de ces informations permet en théorie de caractériser les allures par leur cadence, leur rebond, leur régularité ou encore leur symétrie.