Les interactions avec un cheval dans le cadre de l’équithérapie réduisent l’anxiété et l’hyperactivité des enfants autistes
Résumé
Introduction
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble neurodéveloppemental aux symptômes variés. Il se diagnostique en fonction de difficultés importantes dans deux domaines : la communication et les interactions sociales d’une part, les comportements, activités et intérêts restreints ou répétitifs d’autre part. On retrouve aussi chez les enfants atteints de TSA de l’hyperactivité, de l’irritabilité et des problèmes de gestion du stress. On cherche donc généralement à les aider à réguler leurs comportements et émotions, et à améliorer leurs compétences sociales.
Or, depuis 2009, l’intégration d’animaux dans la prise en charge des TSA fait l’objet de nombreuses publications. Ces dernières citent diverses thérapies assistées par le cheval comme étant bénéfiques. Au-delà des variations méthodologiques, c’est l’interaction homme-cheval qui semble diminuer les comportements problématiques des enfants atteints d’autisme. C’est pourquoi Robin et son équipe voulaient tester l’hypothèse qu’inclure des animaux dans les établissements de soin aiderait les enfants à mieux gérer leur stress et adopter des comportements plus sociaux.
Protocole
Cette étude répond à un haut niveau de rigueur méthodologique afin de comparer l’impact de l’équithérapie avec un cheval « en chair et en os » et celui de l’équithérapie avec un cheval en peluche grandeur nature sur le comportement des enfants atteints de TSA.
Figure 1: Le protocole
Pendant 10 semaines, 116 enfants répartis aléatoirement en 2 groupes suivent des séances d’équitation thérapeutique. Un groupe suit des séances pratiques à cheval, on parlera du groupe ÉT pour « équithérapie ». L’autre groupe suit un projet artistique avec un cheval en peluche à taille réelle. On parlera du groupe témoin PA pour « projet artistique ».
On évalue les enfants avant, pendant et après l’intervention avec divers outils communs pour diagnostiquer et suivre l’évolution des TSA. Ces outils incluent :
- des mesures d’irritabilité et d’hyperactivité, où plus le score est élevé, plus le handicap est grand ;
- des mesures de cognition et de communication sociales, où plus le score est élevé, plus le handicap est grand ;
- des analyses de communication verbale, où on mesure à la fois la quantité et la variété des mots employés lors d’une interaction avec un orthophoniste – cette fois-ci, plus le score est bas, moins l’enfant parvient à s’exprimer avec des mots.
La « cognition sociale » représente l’ensemble des processus nous permettant de comprendre et de nous représenter autrui, de réguler nos émotions, d’établir des normes sociales et morales et de coopérer. Elles favorisent donc l’intégration sociale, l’une des difficultés rencontrées dans les TSA.
Résultats
Les résultats indiqués dans le tableau en figure 2 n’incluent que les données significatives, c’est-à-dire celles où la valeur p est inférieure ou égale à 0.05. La présence et l’absence du cheval lors des sessions a eu une influence significative (p inférieure ou égale à 0.05) pour les difficultés d’ordre émotionnel et social.
Figure 2: Les résultats significatifs.
Après l’intervention, les résultats montrent des améliorations significatives du groupe ÉT par rapport au groupe PA sur les échelles d’irritabilité et d’hyperactivité, et ce à partir de la 5ème semaine.
De même, on observe des améliorations significatives dans la quantité de mots utilisés par les enfants. Ils ont donc amélioré leurs capacités cognitives et leur communication verbale.
Discussion
Cette étude confirme ce que d’autres ont trouvé : l’utilisation de chevaux en chair et en os a un impact bénéfique sur les enfants autistes. Le contact avec les chevaux semble les aider à établir une communication sociale, verbale ou non verbale, et réduire leurs symptômes anxieux et hyperactifs.
Une limite essentielle de l’étude réside dans le fait que des soignants ont mesuré certains paramètres en non-aveugle. Cela signifie que les soignants connaissaient la pathologie des enfants et la thérapie utilisée, ceci pouvant être à l’origine d’un effet placebo.
Pour corriger ce problème, il faudrait des évaluateurs ignorant la pathologie des sujets (difficile à concevoir) ainsi que le traitement utilisé (plus envisageable). On parlerait d’évaluation en double-aveugle.
Il faudrait aussi un groupe placebo (sans aucune intervention) en plus des groupes ÉT et PA pour obtenir une meilleure idée de l’effet de l’équitation thérapeutique.