CARESSES OU FRIANDISES ?
Les chevaux sont-ils plus réceptifs à la friandise ou aux caresses ?
La vidéo
Et voici la réponse à cette question en vidéo, un nouveau format qui devrait vous plaire !
Résumé
Cet article de Sankey et al analyse les effets du renforcement par la nourriture et par le pansage sur le processus d’apprentissage du cheval et son attachement à l’humain. Des scientifiques ont déjà prouvé que la nourriture favorise l’attachement des animaux. Par exemple, le processus d’allaitement renforce positivement le lien affectif maternel. Qu’en est-il du contact tactile ?
Méthode
Cette étude a été menée sur un groupe de 20 chevaux de race Konik âgés de 1 à 2 ans. 12 ont été élevés de manière conventionnelle mais avec un contact à l’homme limité; 8 sont nés et ont grandi dans des troupeaux semi-sauvages jusqu’à 10 mois. Ces chevaux sont répartis aléatoirement dans deux groupes de 10 chevaux. Les chevaux du premier groupe sont récompensés avec de la nourriture alors que les chevaux du 2ème groupe sont récompensés par 3 gestes vigoureux de grattage du garrot.
L’effet du renforcement sur l’apprentissage est testé sur l’apprentissage de l’immobilité : les chevaux doivent apprendre à rester immobile pendant une durée de 5 à 60 secondes en réponse à l’ordre « Reste ! ». Les scientifiques mesurent le temps maximum de validation des étapes et le temps maximum d’immobilité du cheval.
L’effet du renforcement sur la relation homme-cheval est testée lors d’interactions libres : les chevaux peuvent interagir librement avec un humain immobile au centre de l’écurie pendant 5 minutes. Les données collectées sont le temps mis pour approcher l’humain et le temps total passé à une distance inférieure à 0,5 m de l’homme.
Résultats
L’étude montre que les chevaux conditionnés à la nourriture apprennent plus vite et s’attachent plus à l’homme que ceux conditionnés aux caresses.
Le graphique ci-dessous montre que les chevaux récompensés à la nourriture restent plus longtemps immobiles et progressent plus vite que les chevaux récompensés par le grattages du garrot. En effet, le dernier jour, 9 des 10 chevaux récompensés à la nourriture étaient capables de rester immobiles pendant 1 minute, tandis que seulement 4 des 10 chevaux récompensés par trois « gratouilles » ont réussi.
Le deuxième graphique indique que l’entraînement a eu un impact positif sur la relation avec l’humain dans le groupe de chevaux récompensés à la nourriture en diminuant le temps de latence et en augmentant le temps passé près de l’humain. Ce n’est pas le cas pour les chevaux récompensés par le pansage, où il n’y a eu aucun impact positif.
Discussion
L’entraînement a eu un effet positif à la fois sur l’apprentissage et l’attachement à l’humain dans le groupe conditionné à la nourriture, contrairement au contact tactile.
Les auteurs expliquent que l’absence d’effet du contact tactile semble logique puisque pour les chevaux, le contact physique se résume au léchage du jeune cheval par sa mère et ensuite par le toilettage mutuel entre chevaux sur certaines zones spécifiques du corps. Le contact physique ne représente au total que 2 à 3% du budget-temps du cheval.
Cependant, il serait intéressant de reproduire cette expérience en période de mue, pendant laquelle le grattage pourrait être plus apprécié; ou avec un grattage plus long et appuyé. L’étude ne précise pas si chaque groupe avait le même nombre de jeunes chevaux élevés de manière traditionnelle, et en semi-liberté. On peut se demander si ces conditions de « petite enfance » ont un impact sur les réactions des chevaux à la friandise et au grattage par l’homme.