Le grattage d’une zone préférée réduit le rythme cardiaque chez le cheval
Un article clé dans l’histoire de l’éthologie
En éthologie, les années 1990 marquent la transition de l’observation du cheval en milieu naturel à son étude en environnement domestique. Cet article de 1993 illustre cette évolution vers une démarche similaire à celle utilisée en psychologie expérimentale. Les auteures se sont en effet inspirées des comportements sociaux de toilettages mutuels des chevaux que l’on observe à l’état naturel pour réaliser des tests expérimentaux. Elles ont ainsi transposé le toilettage mutuel en un grattage réalisé par l’homme sur des chevaux adultes et des poulains. L’objectif était de voir si cela avait un impact sur le rythme cardiaque du cheval. Un tel impact serait intéressant car les variations du rythme cardiaque peuvent être reliées au stress.
Résumé de l’étude
Pour choisir quelle zone gratter, les auteures ont observé des chevaux de race Camargue vivant en semi-liberté. Lors du toilettage mutuel, elles ont observé que la zone proche du garrot était la plus souvent toilettée. Elles ont noté que les chevaux se mordillaient avec une fréquence d’environ 2 actions par seconde. On a relevé le rythme cardiaque de 8 chevaux adultes et de 8 poulains pendant qu’ils étaient grattés au garrot ou à l’épaule. Les résultats montrent une diminution moyenne du rythme cardiaque d’environ 5 bpm pour un grattage au niveau du garrot. En revanche, le rythme cardiaque ne diminue pas si la zone grattée est l’épaule.
Les auteures évoquent un possible effet apaisant du toilettage mutuel et son recours lors de tensions sociales dans le groupe. Bien que l’article de Feh et de Mazières soit souvent cité (170 fois à ce jour), et qu’il ait été répliqué avec succès (voir par exemple les études de McBride et al., 2004 ou Normando et al., 2003), personne n’a encore étudié s’il y avait un lien réel entre stress social et fréquence du toilettage mutuel. Il n’y a pas non plus d’étude sur qui initie le toilettage : est-ce le plus jeune, le plus âgé, le dominant, le dominé ?